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SaleBete
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Dim 2 Fév 2014 - 16:57
La nuit enveloppait la forêt de sa sombre robe sans étoile. Même la lune avait préféré se cacher derrière d’importants nuages. La végétation s’immobilisait dans un tableau aux teintes grises. Seuls les bruits de la faune nocturne redonnaient vie aux arbres. Pourtant, quelques rares yeux expérimentés auraient pu distinguer deux ombres venues d’un autre âge.

« Je suis née à Valinor, lors de ses plus belles années. C’était le temps des Deux Arbres, il était sept heures et leurs rayons d’or et d’argent se mêlaient comme à leur habitude à cet instant précis. Pour mon père, ma naissance sous de tels auspices ne pouvait être qu’une bénédiction. Ainsi, à l’image des Arbres Laurelin et Telperion, ma mère et lui décidèrent de me nommer Laurëwen Telponnen, ce qui en langage commun signifiait « Jeune Fille Dorée Née de l’Argent ». […]
Mon père se nommait Menelmân, « Béni des Cieux », mais je l’ai toujours appelé Arathar, « Noble Père ». Ma mère, elle s’appelait Elendae, « Ombre d’Etoile ». Ils faisaient partis des Enfants d’Illuvatar apparus sur les rives du Lac de Cuiviénen. Je fus leur bonheur et leur fierté et c’est ainsi que j’ai grandi dans l’opulence que nous offrait le royaume des Valar. J'eus la chance de recevoir leurs enseignements en plus de ceux de mes parents. Elendae était douce et maîtrisait l’art des pierres précieuses ; j’appris tout son savoir avec délice. Arathar, lui, n’étais pas de ceux qui se contentaient d’un seul savoir, il avait une soif qu’il m’avait communiqué et il s’empressait de me faire partager toutes ses connaissances. Arathar me communiqua son amour pour notre roi Finwë et pour son fils Fingolfin, nous étions prêts à les suivre aveuglément. En revanche, à la différence de mon père, je restais réservée envers Fëanor, j’admirais son savoir et sa réussite dans la création des Silmarils, mais je ne comprenais pas son amour jaloux pour eux, ni ses ambitions. Tout cela restait pour moi assez lointain, j’étais assez occupée par mon propre apprentissage. […]
Quand j'eus l’impression d’avoir appris ce que renfermait le cœur de Valinor, ma curiosité m’encouragea à découvrir tout Aman. C’est ainsi que mes pas furent guidés jusqu’à Alqualondë. Les Teleris ne m’étaient guère inconnus, pourtant alors que j’observais la mer dont je me rapprochais à chaque pas, son chant fut accompagné par une voix aussi douce que prenante. Je me glissais rapidement derrière un rocher, comme une enfant voulant se cacher après avoir commis une faute. Doucement, j’observais et mes yeux perçants purent le voir, sa silhouette dégageait une extrême noblesse, il se tenait droit face à la mer pour lui offrir son chant que je lui volais. Il n’y avait aucun doute, il avait reçu un enseignement d’Ulmo de part la perfection de son chant. Quand il eut fini, je n’osais me montrer. Je voulus repartir, mais ma fascination à son égard me fit perdre mon assurance et me fit glisser de la façon la plus gauche possible. Gênée et dans une position des plus inconfortables, il s’approcha de moi et m’offrit sa main pour me relever. Avec un naturel déconcertant, nous nous mîmes à discuter longtemps. Il se nommait Earril, « Eclat de Mer » et quand fut venu le moment de nous quitter, après un « au revoir » des plus solennel, mon cœur me disait « c’est lui ».
Sa voix accompagnée du chant de la mer me hantaient, il ne me fallut pas longtemps avant de décider de retourner le voir. Arathar n’était pas au courant, mais me voir sillonner Aman ne l’inquiétait guère. Mon voyage jusqu’à la mer me prit beaucoup moins de temps que la première fois, l’espoir de le retrouver ne me donnait pas envie de m’attarder. Alors que j’arrivais à destination, sa voix vint jusqu’à moi. En me rapprochant, je le vis, il était exactement au même endroit, mais cette fois, il ne chantait pas pour la mer, il le faisait pour moi et il m’attendait. […]
Arathar n’aima que peu la nouvelle. Certes il souhaitait mon bonheur, mais il aurait préféré que je le trouve auprès d’un Noldo. Mais il savait qu’il ne pourrait rien contre cette union et il apprit à connaître pour moi, l’élu de mon coeur. Elendae, elle, sut l’accueillir comme son fils avec sa douceur habituelle. Le bonheur que j’avais trouvé auprès d’Earril, m’avait fait me désintéresser de la libération du Vala Melkor. Je fus tout de même mise au courant grâce à Arathar. Il me raconta combien ce dernier s’était montré repenti et avait obtenu un semi-pardon des autres Valar. Il m’expliqua aussi qu’il offrait une partie de son savoir aux Noldor et Arathar avait bien l’intention d’en profiter. Je restais assez septique ne voulant trop m’attarder sur cette veille histoire, ce qui m’importait c’était de vivre heureuse avec ceux que je chérissais. […]
La tension que créa mon amour pour Earril, entre mon père et moi, disparue aussi vite qu’une autre apparue. Celle là était d’une toute autre ampleur et ne me touchait pas directement. Elle se passait entre les Noldor et les Valar. Comment était elle arrivée ? Je n’en avais aucune idée. Mais elle fut telle qu’un jour Fëanor menaça Fingolfin d’une lame sur le coeur. J'eus beaucoup de mal à comprendre et à accepter un tel acte, ma préférence pour Fingolfin n’en fit que plus accentuée. Heureusement, les Valar partageaient mon avis et Feanor fut exilé. Je trouvais juste regrettable que notre bon roi Finwe décida de suivre son fils, mais je supposais que la disparition de Miriel devait encore et toujours le hanter. De son côté Melkor qui fut reconnu coupable de tous ces problèmes, avait prit la fuite sans demander son reste. […]
Les troubles de Valinor firent ressortir une chose, la création des armes. Arathar fut l’un des premiers à se passionner pour ce nouvel art et bien évidemment il me le fit partager. Très vite, nous étions devenus des fines lames reconnues. C’est ainsi que mon père fit parti de la garde de Fingolfin où il m'entraîna. Nous voulions les manier à la perfection pour lui et pour notre roi. Tout cela ne fut pas pour me déplaire à un détail prêt, Earril. Cet art demandait beaucoup de temps et un entraînement quotidien, ce temps fut au détriment de mon amour. […]
Les Valar avaient organisé une fête du Printemps, Feanor malgré son exil, y avait été convié. Le moment était enfin arrivé. Elendae et moi-même étions parties dans un défilé de tenues toutes plus belles et alors que l’heure approchait, nous n’arrivions pas à nous décider. Nous arrivions en retard, Arathar nous attendait sur place. Malgré tout nous n’étions pas les dernières, notre bon roi Finwe et son fils Feanor n’étaient pas encore arrivés. Je fus rassurée, car je ne souhaitais pas rater leur retour. Mais Feanor vint seul et dans une tenue peu appropriée. Il nous donna le message de son père qui refusait de revenir tant que l’exil de son fils ne serait pas fini. Ce fut pour nous tous une déception, mais la fête ne tarda pas à battre son plein et une étincelle de joie remplie les cœurs lorsque Feanor et Fingolfin firent la paix. Je me souviens encore des mots de Fingolfin, « Demi-frère de sang, mais vrai frère de cœur ! Conduis-moi et je suivrai. Puisse aucun malheur ne nous séparer ». […]
La fête fut d’une telle beauté qu’aucun d’entre nous n’avait remarqué la toile noire d’Ungoliant. Elle était venue accompagnée de Melkor lui-même. Ils semèrent la destruction et le chaos partout où leurs pas se posèrent et avant qu’un Vala n’ait pu réagir, ils étaient repartis. Mais le mal était fait, Ungoliant avait aspiré toute la vie des Deux Arbres et la lumière de Valinor n’était plus. Nos cœurs étaient remplis par le chagrin et quand la stupeur laissait la place au désespoir, Yavanna nous rassura en nous rappelant que les Silmarils étaient les gardiens de la source des Arbres. L’espoir était de nouveau dans mon cœur, Feanor avait fait preuve de sagesse auprès de Fingolfin, il allait sans doute faire de même avec ses oeuvres. Je l’observais confiante, mais son silence ne me rassura point. Quand il prit la parole, ce fut pour refuser. J’avais envie de crier, de lui dire ce que je pensais, mais ce n’était pas à moi de réagir. […]
Les esprits étaient agités, les solutions paraissaient lointaines. Je fixais Fingolfin en cherchant à analyser les traits de son visage, quand un messager de Formenos arriva. Il était porteur d’une horrible nouvelle. Melkor dans son esprit diabolique, avait prit soin de passer par là bas pour récupérer les Silmarils. Un seul être lui avait fait face et n’avait pas fuit devant lui, c’était notre bon roi Finwë qui était tombé sous les coups du Vala. Le sang avait été versé pour la première fois à Valinor et nos coeurs saignèrent également. Feanor avec son éternelle fougue mêlée à la douleur, maudit haut et fort Melkor. En même temps il le renomma Morgoth, le Noir Ennemi du Monde, et c’est ainsi que mon peuple l’appela depuis. […]
Alors que nous étions tous encore sous le coup des événements de la journée, Feanor se présenta devant les Noldor. Il était toujours en exil et son geste était lourd de signification. Il tint alors un discours appelant les miens à suivre ses pas et à quitter le pays d’Aman. Il expliqua que les Valar nous tenaient prisonniers en ces lieux pour laisser libre la Terre du Milieu aux Successeurs, c'est-à-dire les Hommes. Beaucoup d’entre nous ne connaissaient pas leur future existence et le silence des Valar sur leur sujet avait été traduit ainsi. Ses dires troublants, ne m’inspiraient guère, je voyais en eux de la colère et de l’orgueil. Mais les visages des miens se durcissaient aux lueurs des torches. Des pourparlers eurent lieu, Fingolfin me parut une nouvelle fois d’une grande sagesse. Malheureusement son fils Fingon et la promesse qu’il venait de faire à Feanor eurent le dernier mot. La décision était prise, les Noldor partaient sur la Terre du Milieu. […]
Je fus peinée de cette décision, surtout que Arathar et Elendae allait suivre Fingolfin. Mon père avait fait des prouesses dans l’art des armes, à un tel point qu’il était entré dans la garde personnelle de Fingolfin. Mais notre seigneur le pria de marcher au côté de son fils Fingon, il tenait à ce qu’un tel guerrier veille sur lui. Arathar en fut très honoré et obéit. Je me vis offrir sa place par Fingolfin, mais je devais la refuser. Tout du moins, je voulais bien l’accepter le temps de rejoindre Alqualondë, mais j’avais l’intention de demeurer là bas avec Earril. Arathar était triste de me voir rester, mais il se raisonna à l'instant où je lui annonçais que j’étais enceinte. […]
Feanor était en tête de la marche avec ses fils, Fingon avec l’avant-garde de l’armée de mon seigneur le suivait de près. Ils souhaitaient réellement partir, ce qui était plus mitigé dans le reste de l’armée. Nos pas étaient plus lents, ce qui me plaisait d’un côté, car ainsi je voyais plus longtemps les miens, mais en même temps, il me tardait d’arriver à destination et de me blottir dans les bras d’Earril qui représentait pour moi le dernier endroit de bonheur au milieu de tant de souffrance. Alqualondë était presque visible, mais au fur et à mesure que nous approchions, le paysage me paraissait différent. Mes yeux ne me mentaient pas et le spectacle que nous allions voir n’était pas descriptible. C’était une mer de sang, celui de nos frères les Teleris, mais aussi celui des miens. Je ne comprenais pas, était ce encore Morgoth ? La confusion était totale dans mon esprit et les explications qu’ont nous fourni, furent loin d’être satisfaisantes. Quand je retrouvais l’usage de mes jambes, je me mis à parcourir le port à la recherche de ceux qui m’étaient chers. Dans ce chaos de l’horreur, ce fut Arathar qui me trouva le premier. J’allais me blottir contre lui quand j'aperçus le corps sans vie de ma mère dans ses bras. Elle n’avait jamais su combattre et s’était retrouvée malgré elle au cœur de l’assaut. Je la pleurais à chaudes larmes quand je réussis à articuler quelques mots pour demander à mon père s’il  avait vu Earril. Sa réponse me fit faire un recul incontrôlé « Je l’ai tué ». C’en fut trop, je ne pus contenir le cri qui brûlait ma gorge. Il essaya de me calmer, il voulait s’expliquer, mais je ne lui en laissais pas le temps. Avec tout le désespoir que je ressentais, je déchirais mon vêtement mettant ainsi ma poitrine à nu: « Pourfend mon coeur, il ne bat plus ! ». Les trois mots qu’il répondit me brisèrent à jamais « Tu es enceinte ». […]
J’étais épuisée, nous marchions vers la Terre du Milieu depuis déjà tant de temps. J’avais suivit mon seigneur Fingolfin sur ce chemin sans retour, il était mon dernier repère. De plus, comment aurais je pu continuer à vivre là où mon père avait tué l’homme que j’aimais ? Là où ma mère était tombée des mains d’Eldar ? J’avais pendant notre traversée accouché d’un garçon, je lui donnais le nom de Malnin, « Larme d’Or ». J’avais sûrement été égoïste de ne pas rebrousser chemin quand les Valar nous ont envoyé leurs sombres messagers, j’aurais du penser à mon fils, il aurait évité la malédiction. Je marchais dans les pas de mon seigneur mon fils serré contre moi. Les regards que l’on nous portait, pleuraient déjà la mort de l’enfant et de la mère trop faibles pour un tel voyage. Mais j’aimais mon fils d’un amour tel que j’étais emplie d’une rage de vivre pour lui. Avec mon seigneur, il était tout ce qu’il me restait. Pourtant, je croyais le sombre l’avenir que nous annonçaient les Valar plus que les belles prédictions de Feanor. […]
Tous étaient étonnés, Fingolfin le premier, de constater que mon fils et moi étions toujours à leur côté alors que nous approchions d’Helcaraxë. Ce fut en ces lieux que la folie de Feanor atteignit son paroxysme. Lui et les « siens » s’enfuirent aux vues de la route qu’ils nous restaient, avec les bateaux volés des Teleris. Ils arrivèrent à Beleriand. Là, il donna l’ordre de brûler les bateaux. Les langues des flammes nous furent visibles et nous comprimes très vite le sort qui nous attendait. Je maudissais Feanor et son orgueil, si j’avais tout perdu, c’était lui le coupable. Je serrais fort contre moi mon fils, alors qu’une larme se cristallisait sur mon visage au contact du froid. Fingolfin la remarqua et me l’enleva doucement, « On y arrivera ». Je savais qu’il l’espérait plus qu’il n’en était persuadé, mais après ces mots qu’il me chuchota doucement, je suivis mon seigneur vers la mort. […]
Une étrange lueur s’élevait dans le ciel, c’était Râna, la lune. En même temps, nos pieds foulaient le sol de Beleriand. Nous étions arrivés et vivants. Malgré la fatigue de notre voyage, notre nouvelle vie commença avec un siège d’Angband. Rapidement Fingolfin comprit qu’il valait mieux retrouver les fils de Feanor, nous avions apprit la mort de ce dernier. J’aurais souhaité croiser son regard une dernière fois. Notre retour se fit dans une froideur générale à l’image du Chaos de Glace que nous avions traversé. Nous n’avions pas oublié l’abandon de nos frères. Mon fils avait survécu, même si le froid ne l’avait pas épargné. Il n’avait pas hérité de ma résistance, ni de celle des premiers Eldar, mais il avait beaucoup de son père. J’étais persuadée qu’il entendait la voix d’Ulmo dans la mer et que c’était elle qui l’avait guidé à mes côtés. Je l’avais surprit plusieurs fois en train de lui répondre avec un doux chant et l’avait encouragé. Je ne voulais pas qu’il touche aux armes, elles avaient apporté trop de malheur autour de moi. Je continuais à m'entraîner pour mon seigneur, je faisais toujours partie de sa garde personnelle. […]
Sept jours lunaires après notre arrivée, apparut dans le ciel une autre lueur étrange, Vâsa, le Soleil. Nous retrouvions les Avaris, nos frères qui refusèrent de venir à Valinor avec qui les Noldor qui suivaient Feanor avaient déjà tissé plusieurs liens. Un temps de combats, de paix et de diplomatie se mit en place avec les habitants de Beleriand. Finalement, grâce à une intervention de Fingon, les Noldor se réconcilièrent et Fingolfin fut reconnu comme notre roi à tous. Après vingt années solaires, Fingolfin voulu resserrer les liens et à cette fin organisa une grande fête, Mereth Aderthad, la Fête des Retrouvailles. Malnin était enchanté, il s’était aussitôt proposé pour chanter durant la soirée. Il tournoyait autour de moi pour me montrer les diverses tenues d’apparat entre lesquelles il hésitait. Il me rappelait ma mère et moi, mais même si je lui répondais par des sourires, mon coeur n’avait guère envie d’y participer. La dernière fête avait été le précurseur de tant d’horreur. Je ne pouvais m’y dérober faisant partie de la garde personnelle de Fingolfin. Je sus trouver un avantage à cela, surveiller Arathar. Il était resté auprès de Fingon après notre dernière rencontre et je tenais à ce qu’il ne s’approche pas de mon fils. […]
Nous vivions aussi bien que possible à Hithlum dans cette période chaotique. Chaque fois qu’il nous était possible de le faire, Malnin et moi allions au bout de Drengist pour qu’il puisse voir la mer. Là bas, il chantait. C’était le même chant que celui de son père et je saignais intérieurement en l’entendant. Malheureusement, nos expéditions devinrent de plus en plus rares, car nous ne le savions pas encore, mais quand le soleil apparut, les Successeurs se réveillèrent à leur tour. Leur arrivée créa de nombreux changements et à la demande de mon Roi, je fus envoyée comme ambassadeur avec d’autres Eldar auprès de plusieurs d’entre eux, afin de leur souhaiter la bienvenue. La tache ne m’enchantait guère, car je voyais en eux, une des raisons de la folie de Feanor. Seulement mon Roi me l’avait demandé, donc je le faisais. Je fus plus contrariée quand je dus constater l’amitié de Fingolfin pour l’un d’entre eux, Hador Lorindol. Cet Edain se vut offrir le fief de Dor-Lomin par mon seigneur. La présence de ces êtres parmi les Eldar n’était pas une bonne chose d’après moi. Je décidais de rester en retrait vis-à-vis d’eux et de tenir mon fils écarté. […]
C’était une nuit d’hiver particulièrement froide. La lune refusait de se montrer. J’en profitais pour admirer les étoiles de Varda. J’appris qu’en même temps, le pire des assauts de Morgoth avait eu lieu. Il avait lâché des fleuves de flammes qui étaient dirigées par le père des Dragons, Glaurung.  Celui-ci était secondé par une cohorte d’Orcs. Jamais on ne put dénombrer le nombre exact de perte dans nos rangs ainsi que dans celui des Humains, tellement ce coup fut presque fatal. Dorthonion chuta et une partie des fils de Finarfin ainsi que ceux de Feanor disparurent ou tombèrent. Quand la nouvelle parvint à mon Roi, il perdit sa sagesse pour faire place à une rage désespérée. Nul ne put le retenir, il partit tel Tulkas, à la recherche de Morgoth et le défia en duel devant les portes d’Angband. L’ennemi ne pouvant refuser ce duel, sortit de sa forteresse. Mon Roi combattait comme le brave qu’il était. Morgoth souffrit de sept coups et perdut son pied gauche, mais ce fut Fingolfin qui tomba. Ainsi je perdis mon dernier modèle. J’étais avec mon fils à ce moment. […]
J’étais un être brisé par la vie, je n’avais que Malnin qui me poussait à continuer d’avancer. Il hérita de tout mon amour. Fingon voulut me prendre à son service, je refusais sa proposition. Il était un grand seigneur, mais mes Rois restaient Finwë et Fingolfin. De plus, son armée renfermait un fantôme de mon passé dont je voulais préserver mon fils. Malnin me suivit sans hésitation, je l’emmenais vivre au bord de la mer. Il était un elfe d’un âge certain, mais son amour pour moi et Ulmo le guidèrent. Nous nous installions légèrement à l’écart, tout en restant proche des Eldar. Morgoth ne prit jamais le chemin de la mer, mais les quelques forces noires qui s’approchèrent, me permirent de garder mon niveau de fine lame. […]

Le nouvel âge commençait, Malnin et moi étions sains et saufs. Avec la disparition de Beleriand, nous trouvions refuge aux Havres Gris. Encore une fois, je cherchais un lieu sûr proche de la mer pour mon fils. Nous restions en marge des autres Eldar, mais nous vécûmes ainsi un long moment, aussi tranquillement que notre passé pouvait nous laisser faire. […]
Nous étions en 1685 du deuxième âge, c’était l’anniversaire de Malnin, j’avais décidé de lui faire un cadeau particulier. Alors que j’étais allée faire un tour en forêt, je surpris des Hommes en pleine chasse. Les Edains, toujours aussi intuitif venaient de tuer un loup. Mais comme leurs yeux étaient toujours aveugles, ils ne remarquèrent même pas que c’était une mère et que son bébé était tapi dans l’herbe juste à côté d’eux. Je sortis de l’ombre l’arc à la main et ce fut mon tour de les chasser. Je les laissais prendre leur proie et leur ordonnais de  quitter cette forêt et de ne plus jamais y remettre les pieds. J’avais appris à comprendre les créatures d’Yavanna à Valinor, je n'eus donc aucun mal à calmer la bête et à m’en occuper. Mon fils reçu le louveteau en cadeau, je savais qu’un compagnon lui serait agréable et qu’il en prendrait soin. […]
Cinq années étaient passées depuis cet anniversaire. Quand je vis une ombre se profiler non loin de notre maison. Je reconnus sa silhouette aussitôt. Je pris mon arc et me mis en travers de sa route. Malnin était parti au bord de la mer avec Daedraug, « ombre de loup », mais je savais aussi qu’il n’allait plus tarder. Il fallait qu’il parte avant son retour. « Je sais que tu es là, Menelmân. Montre-toi ! ». C’était la première fois que j’appelais mon père par son nom et il savait ce que cela signifiait. Il se montra lentement, le visage marqué par ce qu’il avait enduré. Un silence s’instaura alors que la pointe de ma flèche visait son coeur. Il tenta de dialoguer avec moi, mais c’était peine perdue. Il trouva un mur, il était un étranger. Je lui hurlais dessus qu’il avait tué Earril. Il me répondit que c’était un accident, qu’il n’avait fait que se retourner durant la bataille et qu’il ne l’avait pas reconnu. Mais aucun de ses mots, aucune de ses explications n’arrivaient jusqu’à moi. Il voulait voir Malnin, après tout c’était son petit fils. Je lui répondais qu’il n’était rien pour mon fils, sauf l’assassin de son père. Ce fut à ce moment qu’une branche craqua. J'eus juste le temps de reconnaître mon fils fuir. Il avait tout entendu. […]
Cela faisait plusieurs jours que je cherchais partout Malnin. Je réussissais à trouver ses traces, mais il savait aussi comment me les cacher. Une chose était sûre, il avait dépassé les frontières du Lindon. Et quand je finis par les retrouver, une grande inquiétude me noua l’estomac. Ses traces étaient rattrapées par d’autres, quatre Orcs. Je savais que mon fils ne s’était jamais trop attardé sur les armes et qu’à ce nombre là les Orcs n’auraient aucune difficulté. J’accélérais mon pas, oubliant toute discrétion. Quand je finis enfin par arriver dans une clairière. Une marre de sang était au centre, au dessus se trouvait Malnin pendu par les pieds à une branche. Sans réfléchir je me jetais vers lui quand une lame fendit l’air en ma direction. Je crus à cet instant que nous allions être tués tous les deux ici, mais Daedraug qui n’avait rien pu faire avant se projeta entre la lame et moi. Elle lui perça l’œil gauche, me laissant le temps d’attraper mon arc et de tirer des flèches d’une précision mortelle. Trois Orcs tombèrent sans même avoir pu réagir de nouveau et le dernier fut foudroyé lors de sa fuite par une dernière flèche. Je libérais mon fils de cette étreinte, pour constater qu’il était trop tard. Je m’occupais de l’œil de Daedraug, avant de ramener le corps de Malnin à Ulmo. »

Les deux silhouettes surgirent de l’ombre dans un saut commun. Elles s’arrêtèrent nettes sur un rocher les supportant, qui dominait la vallée. Il s’agissait d’une Elfe et d’un loup à la robe plus noire encore que la nuit. La beauté de la Noldo aurait pu illuminer cette nuit sans lune, mais la sensation de froideur qu’elle dégageait, l’en empêchait. Soudain l’animal se mit à hurler à la mort. Son hurlement était spécial, c’était un défi crié à la vie. Ils n’avaient plus rien à perdre.

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